Transition Le Collectif Nourrir esquisse sa vision de l’élevage de demain
Le Collectif Nourrir a rendu sa feuille de route quant à l’élevage de demain. Il souhaite notamment mettre fin à l’élevage « industriel » en faveur d’un élevage « paysan ». Une transition, que le collectif juge nécessaire pour l’économie des fermes et l’environnement.
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Réunissant une cinquantaine d’associations paysannes, de consommateurs, de protection de l’environnement, ou bien en faveur du bien-être animal,le Collectif Nourrir s’est penché sur l’élevage de demain. Ses recommandations ont été rendues publiques à l’occasion du Salon international de l’agriculture, le 1er mars 2023.
Favoriser l’élevage paysan
Pas question pour le collectif de se passer des élevages pour opérer la transition écologique. « L’élevage a toute sa place, mais sous certaines conditions », indique Elyne Étienne, de la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH). En effet, le collectif souhaite maintenir et généraliser l’élevage paysan. « Ce sont des élevages en autonomie décisionnelle, alimentaire et économique, explique Aurélien Leray, président du réseau Civam (1). Il s’agit de fermes à taille humaine avec un nombre d’animaux limité par actif et où le recours aux antibiotiques est restreint. »
Pour réaliser ce changement de modèle, le collectif demande notamment d’adopter un moratoire pour les projets de création ou d’extension d’élevages soumis au régime d’autorisation de la règlementation sur les ICPE (installations classées pour la protection de l’environnement). « Cela représente 3 300 élevages en France, souligne Agathe Gignoux, du CIWF, une ONG pour un élevage durable. Il faut éviter d’en créer de nouveaux. »
Le collectif entend ainsi mettre fin à ce qu’il nomme « l’élevage industriel » qui concernerait, selon Agathe Gignoux, 80 % des animaux en France (principalement en volailles et porc).
Accompagnement indispensable
Afin de valoriser les efforts entrepris par les exploitants engagés dans « l’élevage paysan », le Collectif Nourrir demande plus de cohérence dans les politiques publiques. « Le partage des efforts doit être porté tout au long de la filière, insiste Elyne Étienne. La commande publique doit jouer le jeu en favorisant les débouchés dans les cantines. On doit appliquer des clauses miroirs dans nos accords de libre-échange. »
« Il sera nécessaire de mieux former les accompagnants aux porteurs de projets, 30 % des personnes non-issues du monde agricole qui se présentent à l’installation ne s’installent pas car ils ne trouvent pas d’exploitation, complète également Aurélien Leray, du Civam. Il faut aussi que les cédants s’intéressent à leur transmission, qu’ils l’anticipent. »
Créé à partir de la plateforme « Pour une autre Pac », le Collectif Nourrir regrette que ses propositions en termes de bien-être animal et d’élevage n’aient été retenues dans la nouvelle Pac. « Il était nécessaire de prendre en compte les bonnes pratiques des exploitants. On aurait aimé un écorégime qui récompense les efforts en termes de bien-être animal, déplore Mathieu Courgeau, coprésident du collectif. Nous allons continuer à nous battre pour que les problématiques liées à l’élevage soient bien prises en compte. »
(1) Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural.
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